Démarrer une initiative…

Démarrer un groupe

Schématiquement, lancer une initiative de transition peut se découper en trois phases :

  • Préparation, à l’issue ou pendant laquelle se créer le groupe de départ ;
  • Sensibilisation, à l’issue de laquelle le groupe de départ se dissout pour laisser place à un groupe de pilotage plus large et plus représentatif de la population ;
  • Action.

Et quelques conseils

– Soyez sûr(e) de votre motivation : c’est un travail de longue haleine qui vous amènera à côtoyer beaucoup de gens, avec tous les hauts et les bas des relations humaines. Un goût pour la pédagogie, l’écoute des autres et les réalisations concrètes est crucial. Une approche purement intellectuelle risque de ne pas aller bien loin. Soyez prêt(e) à partager l’aventure avec des gens très différents de vous par leurs histoires, leurs sensibilités et leurs motivations.

– Choisissez une échelle d’action cohérente et à votre mesure (commune, terroir, canton, quartier) ; commencer trop grand risque de vous épuiser et de vous éloigner du terrain. Commencez par rencontrer les gens qui agissent et qui ont une expérience dans l’écologie, les alternatives, la décroissance, la sensibilisation du public, la démocratie participative, l’éducation populaire. Faites-leur connaissance et faites-vous connaître. sachez ce qu’ils font.

– La crédibilité est un facteur important : il est plus facile d’être écouté et de convaincre si l’on est reconnu ou si l’on représente une structure reconnue. À défaut de l’être soi-même, trouver un ou des porte-parole en qui les gens peuvent avoir confiance. N’hésitez pas à aller chercher ailleurs des personnes compétentes.

– Informez-vous bien sur le pic pétrolier et ses conséquences, sur les facteurs économiques et sur les différents concepts de la transition : vous aurez à vaincre l’incrédulité et à répondre à de nombreuses questions, soyez sûr(e) de vous. Il vaut mieux agir sur la base d’un bonne compréhension que sur une simple conviction.

– Quand vous sentez les choses mûres, entourez-vous de quelques personnes (au moins 3) aussi déterminées que vous à travailler sur le long terme. Soyez clair(e) sur les objectifs et l’engagement que l’initiative implique. Mettez-vous en relation avec des groupes existants pour bénéficier de leur expérience.

– Avant de vous adresser au public, mettez au point votre organisation et votre communication : de quoi allez-vous parler, comment, avec quels supports (films, diaporamas, schémas, jeux, etc.), par quels canaux (réunions, projections, articles dans les journaux, émissions de radio, etc.). Les différents publics (grands public, jeunesse, élus, entreprises) demandent des communications différentes.

– Plusieurs séances d’information, dans différents lieux et auprès de différents publics seront nécessaire avant que votre initiative commence à faire parler d’elle. Il est important de bien toucher un large public et pas seulement les convaincus.

– Armez-vous de confiance, d’ouverture et de compréhension, soyez apte à la remise en question (demandez-vous ce qui n’a pas fonctionné avant de considérer que les “autres” ne comprennent rien), n’ayez pas peur de remettre l’ouvrage sur le métier. Rappelez-vous que tout le monde est invité et que “les personnes qui viennent sont les bonnes personnes”, comme le dit Rob Hopkins. Tous les points de vue sont valables, il ne s’agit pas de convaincre les autres d’une vérité, mais de créer une dynamique dans l’ensemble de la population.

– Expérimentez. Vous trouverez certainement des choses que nous n’avons pas trouvées.

Des exemples d’actions à mettre en place

Le concept de transition propose une démarche et des outils pour rassembler les gens et pour avancer ensemble vers un but. Mais, concrètement, quelles actions peuvent être entreprise pour faciliter la transition ? Nous nous concentrerons ici sur les actions collectives. Une chose est certaine : rien ne réussira sans l’implication active des acteurs économiques (agriculteurs et entreprises, voir plus bas) et, bien sûr, des collectivités locales et des services de l’état (voir plus bas) et des agences bancaires.

Multiplier et amplifier les circuits courts
Un circuit court est un circuit de vente qui fonctionne avec le moins d’intermédiaires possibles, sur une base régionale ou locale. Un circuit court peut relier des individus (producteurs et consommateurs), des entreprises et des commerces, des collectivités et des entreprises, etc. Lorsque l’ensemble d’une filière fonctionne en partie ou totalement ainsi, on parle de filière courtes.

Leur intérêt est de relier entre eux les acteurs économiques locaux et de conserver une partie de la richesse et des emplois du territoire à l’intérieur de celui-ci, de valoriser ses ressources et son potentiel humain.
exemples de circuits ou filières courtes :

Les GASAP, réunissant un producteur agricole et des consommateurs abonnés.

La filière bois a un fort potentiel de fournir énergie et bois d’œuvre à proximité. La forêt française est actuellement sous-utilisée en raison de la concurrence des bois scandinaves, sibériens et canadiens, plus faciles à exploiter. Le fort développement du chauffage au bois ces dernières années et l’occasion de relancer des filières courtes.

De telles initiatives, encore modestes, sont à amplifier.

Se déplacer autrement
Partager une voiture à plusieurs familles ou en association : c’est l’autopartage.

Circuler à plusieurs dans une même voiture sur unmême trajet : c’est le covoiturage.

Utiliser et améliorer les transports en commun (plus difficile à la campagne).

Développer les parkings à vélo (villes ou gros bourgs).

Regrouper ses déplacements, éviter les déplacements inutiles.

Recycler et échanger
Le déchet de l’un est la matière première de l’autre. Le recyclage s’est beaucoup développé ces dernières années, mais il est encore lié à de transports à longue distance. L’idéal est de recycler ou de réutiliser sur place ou à proximité, y compris certains matériaux de construction (plus facile avec les matériaux écologiques). Une centrale d’échange, où les particuliers déposent leurs objets et que d’autres peuvent récupérer, est une excellente alternative à la mise en décharge ou au transport lointain pour recyclage. Une telle centrale fait partie des projets de Trièves Après-Pétrole.

Développer le compostage, comme le fait Trièves Compostage, sera essentiel pour contrebalancer le renchérissement et la moindre disponibilité des engrais et des pesticides. La préservation de la production alimentaire est un des enjeux majeurs de la transition. Former les particulier au compostage de jardin, développer les composts collectifs, encourager l’utilisation du compost par les agriculteurs.
Créer une monnaie locale
Les actions individuelles sont importantes, mais aucune transition ne peut réussir si le secteur économique n’est pas impliqué. Une réponse économique est indispensable à la résilience, qui ne peut reposer que sur du jardinage individuel, par exemple.

Selon Bernard Lietaer, professeur financier et un des concepteurs de l’euro, les monnaies locales offrent un outil puissant de préservation de la richesse locale, notamment en la mettant relativement à l’abri des soubresauts de l’économie et de la finance mondiales, et en encourageant les échanges entre acteurs économiques locaux. Elles vont plus loin que les systèmes d’échanges locaux (SEL), qui ne touchent pas le secteur économique. Elles ne se substituent pas à la monnaie officielle, qui reste indispensable, mais elles la complètent.

De plus, elles permettent de mobiliser plus facilement des compétences qui intéressent peut l’économie dominante. En premier lieu, elles peuvent déjà apporter une réponse locale à la crise économique actuelle.

Les monnaies locales cohabitent avec la monnaie légale, qu’elles complètent mais ne remplacent pas. 64 systèmes de monnaie locale ont déjà vu le jour ou sont en projet en Allemagne, deux en Angleterre. En Suisse, le système du WIM existe depuis 1930 et il représentent pour 1700 millions d’euros d’échanges pour l’année 2007. Aux États-Unis, les Berkshares circulent depuis 2006 dans le Vermont, un état proche de Boston : plus de 1 millions de billets sont en circulation. Tous ces projets ont le soutien des autorités et des banques locales, et bien sûr des entreprises et des commerces participants.

 

Produire l’énergie
Moins dépendre du pétrole, mais aussi de réseaux électriques à longue distance qui sont fragiles et représentent une forte déperdition d’énergie, c’est aussi un moyen de valoriser les ressources locales et de créer des emplois sur place :

  • bois de chauffage ;
  • énergie de la biomasse, dont agrocarburants (pour les machines agricoles uniquement) et méthanisation ;
  • solaire passif, solaire photovoltaïque et éolien selon possibilités.

Pour les agriculteurs

  • Diversifier la production ;
  • Privilégier les circuits courts ;
  • Protéger sa trésorerie et se désendetter ;
  • Diviser les exploitations et favoriser l’installation de jeunes et de nouveaux venus ;
  • Diminuer les intrants ;
  • Choisir des cultivars appropriés au climat et plus résistants aux maladies, même si le rendement est inférieur.

Pour les entreprises

  • Réorganiser ses approvisionnements et ses stocks ;
  • Surveiller ses consommations énergétiques, remplacer les systèmes énergétiques ;
  • Rationaliser ses déplacements
  • Trouver des fournisseurs et des marchés plus proches ;
  • Privilégier les circuits courts ;
  • Revoir sa production en fonction des besoins locaux (ou un peu plus larges) ;
  • Protéger sa trésorerie, se désendetter ;
  • Participer activement au système de monnaie locale ;
  • Echanger et recycler ensemble (le déchet de l’un est le matériau de l’autre), se regrouper.
  • Sensibiliser son personnel à propos de l’impact environnemental de l’entreprise et les solutions pour réduire cet impact.

Pour les collectivités et services de l’état

  • Soutenir les initiatives des habitants et des acteurs économiques ;
  • Se préparer à gérer l’urgence ;
  • Œuvrer au renforcement des transports en commun.

Les sept « Mais »

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, c’est que vous pensez qu’une Initiative de Transition pourrait être appropriée à votre communauté.

Les 12 étapes vous donneront un plan de route pour cette aventure, « mais » avant cela vous devrez vous confronter aux obstacles préalables (réels et imaginaires) qui vous attendent. Nous les appelons « Les 7 Mais ».

Mais nous n’avons pas d’argent

Ce n’est vraiment pas un problème. L’argent est un piètre substitut à l’enthousiasme et l’engagement commun, qui vous soutiendront tout au long des premières phases de votre Transition. Les donateurs ou financeurs peuvent de surcroit exiger un moyen de contrôle et diriger à terme l’Initiative dans une direction allant à l’encontre des intérêts de la communauté.

Nous vous montrerons comment vous pouvez vous assurer que vos démarches génèrent une source de revenu adéquate. Nous ne parlons pas de fortunes, votre Ville en Transition ne sera jamais cotée en bourse. Max Lindeggar, designer d’éco-village, disait : « Si un projet ne fait pas de bénéfices, il fera des pertes. »

La Ville en Transition de Totnes débuta en septembre 2005 sans un centime, et s’est toujours autofinancée depuis. Les conférences et projections que nous avons organisées ont rapporté l’argent nécessaire pour subventionner des projets gratuits, comme les colloques. Vous arriverez à un point où certains projets ne pourront se faire sans financement, mais avant cela, vous aurez déjà de quoi faire. Restez maître de la situation, ne laissez pas le manque de moyens vous bloquer.

Mais ils ne nous laisseront pas faire…

Certaines personnes ont cette peur que n’importe quelle initiative qui réussit à changer les choses va être contrecarrée, supprimée, attaquée par des bureaucrates ou des sociétés sans visage. Si cette peur est assez forte pour vous retenir de faire quoi que ce soit, si la seule action que vous voulez avoir est d’abandonner vos forces à de vagues « ils », alors vous ne lisez sans doute pas le bon document. D’un autre côté, les Villes en Transition opèrent « en douce », sans faire de victimes ou se faire d’ennemis. En tout cas, elles ne semblent pas attirer l’ire d’une quelconque institution.

En revanche, avec l’effort des entreprises pour le développement durable et la prise de conscience du changement climatique, vous serez surpris de voir combien de personnes en position de pouvoir seront enthousiastes et inspirées par ce que vous ferez, et plutôt que de vous nuire, vous aideront dans vos efforts.

Mais il y a déjà des groupes écologistes dans cette ville, je ne veux pas marcher sur leur platebandes

Nous reviendrons plus en détail sur ce point à l’étape 3. Quoi qu’il en soit, vous seriez vraiment malchanceux si vous deviez rencontrer une « guerre de territoire ». Tout ce que fera votre Initiative de Transition, c’est de concevoir une action concertée et un but commun des groupes existants. Certains apprécieront sans doute beaucoup ce nouvel apport d’énergie. Assurer la liaison d’un réseau de groupes existants autours d’un plan d’action pour la descente énergétique renforcera et concentrera leurs travaux, davantage que les reproduire ou les remplacer. Aspirez à ce qu’ils fassent partie de vos meilleurs alliés, cruciaux pour le succès de votre Transition.

Mais personne ne se soucie de l’environnement dans cette ville…

Avoir une telle idée est facilement excusable, lorsque l’on prend en compte ce que l’on peut percevoir autour de nous comme une culture d’apathie consumériste. Mais grattez un peu sous la surface, et vous découvrirez que les personnes les plus inattendues sont de fervents défenseurs d’éléments clé d’une Initiative de Transition – alimentation, déchets, histoire et culture locales.

Le secret est d’aller à leur rencontre, plutôt que d’espérer qu’ils viennent à vous. Recherchez ce que vous avez en commun, et vous verrez que votre communauté est un endroit bien plus intéressant que ce vous vous imaginiez.

Mais il est sûrement trop tard pour faire quelque chose…?

Il est peut-être trop tard, mais il est plus probable que non. Ce qui veut dire que les efforts de chacun sont absolument vitaux.

Ne laissez pas le désespoir saboter vos efforts. Comme Vandana Shiva le disait, « L’incertitude de notre époque n’est pas une raison pour être certain de notre désespoir. »

Mais je n’ai pas les qualifications…

Si vous vous ne le faites pas, qui le fera ? Peu importe que vous n’ayez pas un doctorat en décroissance soutenable, ou des années d’expérience en jardinage ou en planification. L’important est que vous vous souciez de votre lieu de vie, que vous voyez la nécessité d’agir, et que vous êtes ouvert à de nouvelles façons de faire participer les gens.

S’il fallait donner un profil pour le poste à quelqu’un qui découvrirait le projet, cela donnerait une liste de quelques qualités :

  • Positif

  • Sociable

  • Une connaissance de base du lieu et de quelques personnes clés de la ville

Finalement, c’est à vous de trouver votre propre manière d’arriver à la première étape. Votre rôle à ce niveau est comme celui d’un jardinier qui prépare le sol pour le jardin à venir, que vous soyez là ou non lorsqu’il poussera.

Mais je n’ai pas l’énergie pour faire ça !

On attribue à Goethe la devise suivante : « Tout ce que vous pouvez faire ou rêver de faire, commencez-le. Il y a du génie, du pouvoir et de la magie dans l’audace ! » Commencer une Initiative de Transition est une expérience qui le confirme. Quand bien même l’idée de préparer votre village (ou votre ville, quartier, vallée, île) à une vie après le pétrole peut vous sembler impressionnante de par ses implications, il y a quelque chose d’indéfectible dans l’énergie libérée par le processus d’une Initiative de Transition.

Vous pouvez vous sentir débordé par la perspective du travail à accomplir et sa complexité, mais les gens se manifesteront pour vous aider. En fait, beaucoup parlent des coïncidences qui accompagnent ce projet, et de la manière dont les bonnes personnes arrivent au bon moment. Il y a quelque chose dans l’audace, dans le passage du « pourquoi personne ne fait rien » au « faisons quelque chose » qui génère l’énergie suffisante pour continuer à avancer.

Très souvent, développer des initiatives environnementales est un peu comme pousser une voiture en panne jusqu’en haut d’une colline ; difficile, ingrat. Une Ville en Transition, c’est lorsque l’on commence à descendre de l’autre côté – la voiture avance plus vite que ce que vous vous y attendiez, accélérant tout le temps. Une fois que vous avez donné le dernier coup en haut de la colline, elle développe son propre élan. Ça ne veut pas dire que le travail n’est pas difficile parfois, mais c’est toujours un plaisir.

Douze ingrédients de la Transition

Ces 12 ingrédients sont issus des premières observations faites de ce qui semblait fonctionner dans le travail des premières Initiatives de Transition, en particulier à Totnes.

Ils ne doivent pas être vus comme des prescriptions. Chaque projet peut les assembler de façon unique, telle une recette de cuisine qui varie en fonction des ingrédients disponibles, on peut toujours en ajouter certains et en écarter d’autres. Quoi qu’il en soit, ils offrent des éléments clés de votre aventure. Nous espérons qu’ils vous aideront pendant les premières années de votre travail.

Le Transition Companion (une suite du manuel de transition, disponible en anglais) propose des ingrédients complémentaires très utiles ainsi que 5 étapes par lesquelles semblent passer la plupart des initiatives.

N°1. Mettre en place un groupe de pilotage et planifier sa dissolution, dès le départ

Il s’agit de mettre en place une équipe de base pour piloter le projet durant les premières phases.

Nous recommandons de créer un groupe de direction ayant pour objectif de mener à bien les étapes 2 à 5. Une fois qu’un minimum de quatre sous-groupes est formé, le groupe de direction est dissout et reformé avec une personne représentante de chaque groupe. Ceci demande une certaine humilité, mais c’est un point très important pour garantir le succès du projet au-delà des engagements personnels. Au final, votre groupe de direction devrait être constitué des représentants de chaque sous-groupe.

N°2 Sensibilisation

Cette étape vous permettra d’identifier vos alliés clé, de construire des réseaux les plus essentiels et de préparer la commune en général au lancement de votre Initiative de Transition.

Pour qu’un véritable plan de décroissance énergétique évolue, ces participants doivent avoir conscience des effets potentiels du pic pétrolier et du changement climatique, nécessitant d’une part une campagne pour accroître la résilience de la communauté et d’autre part une réduction de son bilan carbone. Les projections de films accompagnées de débats avec des panels d’«experts» répondant aux questions sont très efficaces.

Des conférences d’experts dans les domaines du changement climatique, du pic pétrolier et des solutions pour les communes peuvent être très encourageantes.Des articles dans la presse locale, des interviews à la radio locale, des présentations à des groupes existants, y compris dans des écoles, font aussi une partie de la boîte à outil permettant de conscientiser les gens et de les amener à penser aux solutions.

N°3 Jeter les fondations

Il est temps de se mettre en réseau avec les groupes et activistes existants, d’exposer clairement le fait que l’Initiative de Transition est destinée à incorporer leurs efforts passés et futurs, en regardant l’avenir avec une nouvelle approche. Tout en reconnaissant et en faisant honneur au travail qu’ils accomplissent, insistez sur le fait qu’ils ont un rôle vital à jouer.

Donnez leur un état des lieux concis et accessible du pic pétrolier, ce qu’il signifie, comment il est relié au changement climatique, comment il va affecter votre communauté, ainsi que les défis clés qu’il présente. Exposez vos idées sur la façon dont une Initiative de Transition permettrait d’agir comme un catalyseur, pour faire que la communauté explore des solutions et amorce une réflexion sur les principales stratégies d’atténuation.

N°4 Organiser un Grand Déchaînement

Cette étape permet de créer un évènement mémorable qui marquera le « passage à l’âge adulte » de votre projet, d’impliquer une large partie de la commune, de donner l’élan nécessaire pour propulser votre Initiative dans les phases à venir, et de fêter le désir de votre commune de passer à l’action. En termes de timing, nous estimons que le mieux est de s’y prendre entre six mois et un an après votre première projection de sensibilisation.

Le Grand Déchaînement de la Ville en Transition de Totnes a eu lieu en septembre 2006, après dix mois de débats, projections et autres évènements. En ce qui concerne le contenu, votre Grand Déchaînement devra inciter les gens à se focaliser sur le pic pétrolier et le changement climatique, en se disant « nous pouvons y faire quelque chose » plutôt qu’en déprimant.

Un élément que nous avons vu très bien fonctionner est la présentation des barrières pratiques et psychologiques face au changement – après tout, il s’agit d’un travail de tout un chacun.

Il ne s’agit pas uniquement de prises de parole, cela peut inclure de la musique, un buffet, un opéra, du break dance, ou quoi que ce soit qui reflète le mieux l’intention de votre commune de s’embarquer dans cette aventure collective.

N°5 Former des groupes de travail

Une partie du processus de développement d’un Plan d’Action de Décroissance Energétique est à puiser dans le génie collectif de la commune. Pour cela, le point crucial est de créer des groupes plus petits qui se concentrent sur des aspects spécifiques du processus. Chaque groupe développera ses propres façons de travailler et ses propres activités, tout en restant en lien avec le projet dans son ensemble.

Idéalement, les groupes de travail sont nécessaires pour tous les aspects de la vie qui doivent être pris en compte pour que votre commune se maintienne et prospère. Voici quelques exemples : alimentation, déchets, énergie, éducation, jeunesse, économie, transports, eau, municipalité.

Chacun de ces groupes étudiera un de ces aspects et essaiera de déterminer les meilleures solutions pour élaborer la résilience de la commune et réduire son bilan carbone. Ces solutions formeront l’épine dorsale d’un Plan d’Action.

N°6 Utiliser des forums ouverts

Il nous semble que le principe du forum ouvert est une approche très efficace pour mener des réunions d’Initiatives de Transition.

En théorie, ça ne devrait pas marcher. Un grand groupe de personnes qui se réunissent pour explorer un sujet particulier, sans ordre du jour, sans agenda, sans coordinateur désigné et sans preneur de notes…

Pourtant, nous avons fait tourner séparément des forums ouverts pour l’alimentation, l’énergie, l’habitat, l’économie et la psychologie du changement. A la fin de chaque réunion, chacun avait dit ce qu’il avait à dire, des notes complètes avaient été prises puis tapées, de nombreuses connexions s’étaient mises en place, et un nombre énorme d’idées et de visions avaient été listées et définies.

Des livres en anglais sur le principe des réunions en open space existent. Le principal s’intitule Harrison Owen’s Open Space Technology: A User’s Guide. Dans les outils de référence se trouve également le précieux Peggy Holman and Tom Devane’s The Change Handbook: Group Methods for Shaping the Future.(Résumé en français http://www.openspaceworld.org/french)

N°7 Développer des manifestations pratiques et visibles de votre projet

Il est essentiel que vous évitiez toute représentation de votre projet comme une simple boutique à palabres où les gens s’assoient en rond et font des listes de vœux pieux. Votre projet a besoin, dès le début, de créer dans votre commune des manifestations pratiques et très visibles. Cela améliorera de manière significative la perception qu’auront les gens du projet et augmentera aussi leur volonté de participer.

Il y a un équilibre difficile à atteindre ici au cours de ces premières étapes. Vous devez montrer des progrès visibles, sans pour autant vous embarquer dans des projets qui n’ont pas complètement leur place dans le Plan d’Action.

A Totnes, le groupe Alimentation a lancé un projet appelé « Totnes – capitale britannique du noyer », qui vise à installer autant d’arbres à noix comestibles que possible dans la ville. Avec l’aide de la mairie, nos avons récemment planté plusieurs arbres dans le centre de la ville, et en avons fait une grande manifestation.

N°8 Stimuler la Grande Requalification

Si nous devons répondre au pic pétrolier et au changement climatique en baissant notre consommation d’énergie et en relocalisant notre commune, alors nous avons besoin des nombreux savoir-faire acquis par nos grands-parents. Une des choses les plus utiles que peut faire une Initiative de Transition est d’inverser la « Grande Déqualification » de ces 40 dernières années en proposant d’apprendre une bonne partie de ces savoir-faire.

Effectuer des recherches auprès des membres les plus anciens de notre commune est instructif – après tout, ils ont vécu avant les dérapages de la société de consommation et ils savent à quoi peut ressembler une société avec moins d’énergie. Voici quelques exemples d’enseigne­ments :

La réparation, la cuisine, les cycles de maintenance, le bâtiment « naturel », l’isolation, la teinture, la chasse aux herbes, le jardinage, les bases de l’efficacité énergétique d’une maison (la liste est sans fin).

Votre programme de Grande Requalification donnera aux gens une représentation puissante de leurs propres capacités à résoudre les problèmes, d’arriver à des résultats concrets et de travailler en coopération avec d’autres personnes. Ils apprécieront aussi le fait qu’apprendre peut être franchement sympa.

N°9 Créer un pont avec la municipalité

Quel que soit le degré de mobilisation que votre Initiative de Transition parvient à générer, quel que soit le nombre des projets concrets que vous avez entrepris et aussi merveilleux que soit votre Plan de Descente Energétique, vous ne progressez jamais très loin sans cultiver une relation positive et productive avec les autorités locales. Qu’il s’agisse de questions de planification, de financement ou de fournir des contacts, vous en aurez besoin. Contrairement à ce que vous imaginez, il se pourrait bien que vous vous retrouviez en train d’enfoncer une porte ouverte.

Nous sommes en train d’étudier comment nous pourrions présenter un Plan d’Action de Descente Energétique pour Totnes dans un format similaire à l’actuel Plan de Développement de la Commune. Peut-être qu’un jour les membres du conseil seront assis à une table avec deux documents devant eux – un Plan classique d’un côté et un joli Plan d’Action de Descente Energétique de l’autre. Début 2008, le prix du baril frisait avec les 100$. Les planificateurs regarderont un document, puis l’autre, et concluront que seul le Plan d’Action de Descente Energétique aborde effectivement les défis auxquels ils sont confrontés.

N°10 Honorer les Anciens

Pour ceux d’entre nous qui sont nés dans les années 60 lorsque le baril bon marché était en plein boom, il est difficile de se représenter une vie avec moins de pétrole. A chaque année de ma vie (en dehors des années de crise des années 70), la consommation d’énergie n’a fait qu’augmenter par rapport à l’année précédente.

Pour concevoir une image réelle d’une société consommant moins d’énergie, nous devons avancer avec ceux qui peuvent se remémorer cette transition vers l’âge du pétrole bon marché, et en particulier la période entre 1930 et 1960.

Même si vous souhaitez clairement éviter l’impression que ce que vous préconisez est une régression ou un retour vers une espèce de passé flou et lointain, il y a beaucoup à tirer de la façon dont les choses ont été faites, de découvrir les liens invisibles qui unissaient les différents éléments de la société, et comment se passait la vie au quotidien. Savoir tout cela peut être très éclairant, et permet de renforcer les sentiments qui nous lient aux lieux où nous développons nos Initiatives de Transition.

N°11 Laisser aller là où cela veut aller…

Bien que vous puissiez commencer le développement de votre Initiative de Transition avec une idée bien précise de là où elle va aller, elle va inévitablement aller ailleurs. Si vous essayez de vous en tenir à une vision rigide, elle commencera à saper votre énergie et vous fera décrocher. Votre rôle n’est pas de mettre au point toutes les réponses, mais d’agir pour la commune comme un catalyseur à la conception de sa propre transition.

Si vous restez attentif aux principaux critères – bâtir la résilience de la commune et réduire son bilan carbone – vous verrez comme le génie collectif de la commune permet de faire émerger une solution faisable, réaliste et très inventive.

N°12 Créer un Plan de Descente Energétique

Chaque groupe de travail aura déjà été orienté vers des actions pratiques pour accroître la résilience de la commune et réduire son bilan carbone. Ensemble, les mesures qui en résulteront formeront le Plan d’Action de Descente Energétique (PADE). C’est là que le génie collectif de la commune aura conçu son propre avenir, pour prendre en compte les menaces potentielles du pic pétrolier et du changement climatique.

Le processus de construction d’un PADE n’est pas trivial. Il évolue en fonction de ce que nous apprenons sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

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