Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’obtenir du soutien et de l’argent public pour soutenir la Transition. Et pourtant, les témoignages sont de plus en plus nombreux pour dire que le Mouvement de la Transition est une des pistes les plus pertinentes, enthousiasmantes et créatives pour s’adapter aux défis de notre époque. Et si ce manque d’argent public pour la Transition était une occasion pour nous de gagner en maturité et en puissance d’action ?
Depuis l’émergence des premières initiatives de transition en Wallonie et à Bruxelles, en 2009 et 2010, celles-ci se sont multipliées, en passant depuis 2016 de 35 à 130 ! Chaque mois, rien qu’en Belgique francophone, ce sont 2 à 3 nouvelles initiatives qui se lancent dans le changement positif. Le Réseau Transition a lui démarré ses activités en 2012, il est aujourd’hui considéré au niveau international comme un modèle d’organisation de support de la Transition sur son territoire. Nous pouvons en être fiers.
Et pourtant, malgré qu’elle ait le vent en poupe et que la pertinence et la qualité de ce que nous faisons soit de plus en plus reconnue, l’asbl vit une période compliquée. Si certains Ministres et cabinets ministériels sont particulièrement soutenants envers la Transition, en janvier 2018, une importante subvention publique n’a pas été renouvellée. Techniquement, la prolongation de « points APE », une aide à l’emploi, a été refusée par le Ministre Jeholet. Suite à cela, la puissance d’action du Réseau Transition a été diminuée, certains projets et services de support pour les initiatives et acteurs de la Transition ont dû être mis en pause ou au ralenti.
Loin de diminuer notre ambition pour la Transition, nous explorons aujourd’hui la question suivante : Et si cette situation était une opportunité pour renforcer la Transition ?
Transformer notre rapport à l’argent pour mieux rebondir
Les citoyen·ne·s qui créent et développent des initiatives et projets de Transition ont besoin de support direct, de renforcer leurs compétences à travers des formations, de se rencontrer pour s’aider et s’échanger expériences et expertises. Les pionniers ont également besoin d’appui pour aller plus loin, plus en profondeur, et de voir leur expérience se diffuser sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, nous avons besoin de nouvelles ressources financières pour pouvoir faire ce travail. Et pour réunir ces moyens au service de la raison d’être de la Transition, nous avons entamé un processus de transformation de notre rapport à l’argent.
Le rapport à l’argent du Réseau Transition est en effet lié à sa culture, à celle d’un mouvement essentiellement bénévole où l’on considère souvent que l’argent est « sale ». Ainsi, on le relie souvent à des mots comme « injustice », « pollution », « conflit » ou encore « domination ». Et il est aujourd’hui scientifiquement clair que la course aux profits et à la croissance économique amène notre civilisation à s’autodétruire et à détruire les écosystèmes naturels par la même occasion.
Une conséquence de considérer que l’argent est responsable de tout ces maux est que, consciemment ou inconsciemment, on essaie le plus possible de s’en passer. On le repousse ou on en attire le moins possible… Il est donc clair qu’aujourd’hui, si nous voulons récolter des moyens financiers pour déployer la Transition, notre rapport à l’argent a besoin d’évoluer. Car comment se mettre en position favorable pour récolter de l’argent si dans le même temps on considère que celui-ci est « sale » ? Nous nous faisons aider pour explorer ces paradoxes de notre mouvement afin de trouver des solutions intègres et au service du déploiement de la Transition.
Et si nous allions vers une culture de « l’abondance », chère à l’approche permaculturelle ?
Et si nous apprenions à considérer l’argent comme une ressources parmi d’autres, qui peut aussi être utilisé de façon vertueuse ? Et si l’argent était mis au service du déploiement de la Transition, sans perdre notre intégrité ? Et si ce travail « intérieur » était un petit pas pour le Réseau Transition, et un grand pas pour la Transition ?
De l’argent, mais pour quoi faire ?
En résumé, nous avons besoin d’argent pour pouvoir continuer à proposer aux initiatives et porteurs de projets qui se multiplient chaque jour :
- Des formations adaptées à vos besoins et à des tarifs accessibles à tous les portefeuilles ;
- Du support direct aux personnes et aux groupes qui rencontrent des difficultés ;
- Des articles, des vidéos et des témoignages inspirants afin de mettre en valeur ce qui se fait déjà aujourd’hui et de continuer à attirer plus de monde dans la Transition ;
- Des outils et fiches pratiques qui soutiennent un développement autonome des projets de Transition ;
- Du soutien dans les moments difficiles, quand la passion et la joie est diminuée par la fatigue ou le découragement et que l’on a besoin de se ressourcer pour mieux rebondir ;
- L’accompagnement des rues en transition ou des projets qui créent des économies locales résilientes ;
- …
Forts de l’expérience engrangée depuis les premiers pas du Réseau Transition, et conscients de ce que le fait d’avoir une équipe professionnelle fait une énorme différence, nous voulons déployer une stratégie de recherche de fonds qui soit plus claire et plus résiliente. Le but de celle-ci étant de soutenir la raison d’être du Réseau Transition ainsi que les personnes qui agissent pour la déployer.
Ce vers quoi nous allons
Voici quelques phrases qui résument l’état d’esprit qui est proposé pour cette aventure commune :
- Petits ou gros projets, avec ou sans argent, tous sont aussi importants les uns que les autres ;
- Les transitionneurs méritent et ont besoin de vivre dans un équilibre entre « donner » et « recevoir », l’argent peut faire partie de cet équilibre ;
- L’argent est une ressource parmi d’autres, une « énergie » qui peut être mise au service de la Transition;
- Ce que nous faisons a beaucoup de valeur et peut donc être valorisé en argent qui lui même soutiendra la Transition ;
- L’argent utilisé pour déployer la Transition ne sera pas utilisé pour des usages contraires ;
- Investir son temps et son argent dans la Transition est un placement qui a du sens et a un retour sur investissement qui ne se calcule pas uniquement en argent ;
- Un mouvement qui se veut inclusif doit faire une place aux personnes socialement défavorisées et aussi à celles qui ont accès à de l’argent ;
- Pour que le Réseau Transition soit plus libre de ses actions, il a besoin d’être soutenu financièrement par « sa communauté », par les transitionneurs ;
- Un financement résilient est un équilibre entre revenus des activités, cotisations des membres, financements publics et par des fondations privées ainsi que par du mécénat ;
Nous avons besoin de votre compréhension et de votre soutien
Depuis quelques mois, nous avons dû consacrer plus de temps à la recherche de fonds et à transformer notre modèle économique. Nous avons donc eu moins de capacité pour répondre aux demandes et besoins des initiatives. Notre volonté est que la période actuelle permette d’en arriver à un Réseau Transition financièrement plus résilient. Avec plus de capacité à participer au déploiement de la Transition.
Pour y arriver, nous avons besoin de votre aide. Ainsi, vous pourriez :
- Passez à l’action près de chez vous et ainsi montrer toute la pertinence de la transition ;
- Devenir membres donateurs ;
- Proposer à vos proches et/ou aux membres de vos projets de devenir donateurs ;
- Nous présenter des mécènes potentiels ;
- Faire un stage ou du bénévolat pour nous aider à diversifier les sources de revenus financiers ;
Les projets qui fonctionnent avec ou sans argent ont la même importance
Si une perte de subside a l’effet de ralentir le travail de support de la Transition, il est important de se souvenir que jusqu’à présent, ce sont principalement des citoyen·ne·s bénévoles qui ont permis l’évolution impressionnante de la Transition. Et il est important de manifester de la reconnaissance à toute personne qui contribue ou a contribué à ce mouvement, que ce soit par de petits ou de grands projets. De notre point de vue, tout les projets de Transition sont aussi importants les uns que les autres, car ils ouvrent de nouveaux possibles et fertilisent le terrain pour les projets suivants. Parmi ces projets, certains créent des emplois, voient des transitionneurs se professionnaliser et obtenir un revenu en échange de leurs actions. Ces projets montrent qu’une autre forme d’économie est possible et souhaitable.