Lorsque je me déplace pour une formation, un atelier ou une conférence sur les initiatives de transition, ou qu’un journaliste pose des questions, il est fréquent que l’on me demande, “mais que font-elles concrètement” ? C’est une très bonne question, que je vais explorer avec vous dans cet article…
La Transition est un processus

La réponse à cette question peut par exemple venir en expliquant ce que ne sont pas les initiatives de transition : Ce n’est pas une boîte à solutions à appliquer de A à Z chez vous. Si vous initiez ou rejoignez une initiative, on ne va pas vous dire “voilà toutes les actions que vous devez mettre en place pour augmenter la résilience locale de votre village, votre ville, votre quartier…”. Mais alors que faut-il faire ?
La transition est davantage un processus, un cheminement qui aide les personnes qui vivent sur un territoire commun à trouver ensemble les projets et actions qui sont utiles dans leur contexte particulier. On va par exemple observer ce qui, sur ce territoire, est un atout pour l’avenir, ce qui renforce l’économie locale, ce qui crée du bien être, du lien social… Et l’on va aussi identifier ce qui manque pour nous préparer à l’avenir rendu incertain par les contractions économique, la fin de l’énergie bon marché et le climat. Ensuite, les personnes impliquées feront elles-même le choix des projets qui font sens pour elles. Si le projet est utile et vous passionne, il aura bien plus de chance d’aboutir et de perdurer.

Des échanges de savoirs
Les initiatives de transition sont aussi un lieu où l’on (ré)apprend des savoirs pratiques utiles pour un avenir plus heureux et avec moins d’énergie. Par exemple, au Repair Café de Ath ou Soignies, on apprend à réparer et entretenir des vêtements, vélos, appareils électroménagers, jouets… au lieu de jeter et acheter du neuf. A Liège, Soignies, Rochefort, Grez Doiceau, La Louvière, Ath… on réapprend à produire une partie de son alimentation en plantant des arbres fruitiers (Soignies en transition a planté un verger !), en mettant en place des bacs de légumes, en apprenant la permaculture urbaine et pour le potager, en réapprenant à faire des conserves maison à la manière de nos grands mères…
Favoriser l’émergence de nouveaux projets
Il arrive qu’une initiative mette toute son énergie dans le développement d’un ou deux projets particuliers, comme une coopérative de production énergétique, des jardins partagés, un Repair Café ou encore un projet de production locale de légumes… Dans cette situation, il y a un risque pour le groupe initiateur de s’épuiser et qu’il n’y ait donc plus de temps disponible pour continuer le travail de sensibilisation qui attire de nouvelles personnes vers la transition.
Pour éviter de faire du “sur place”, à côté des indispensables projets concrets et bâtisseurs de résilience, il est donc aussi très important d’avoir des moments de transition plus intérieure, où l’on s’arrête pour prendre soin des personnes et de la dynamique de groupe. Mais aussi d’avoir un groupe dont le rôle dans l’initiative est de continuer à jouer le rôle de catalyseur. C’est à dire d’agir sur le contexte local afin que de nouvelles personnes prennent confiance et rejoignent les projets existants ou se disent “mais oui, moi aussi j’ai des idées et je suis capable de développer un beau projet. Et d’ailleurs, je vais le faire !”. Et chez vous, quels sont les nouveaux projets qui sont en train de demarrer? Partagez vos nouvelles sur facebook ou dans la liste de distribution.
Poser les bases d’une économie locale vivante et forte
Quand on observe les évolutions des initiatives de transition à travers le monde, on remarque que celles qui transforment le plus leur cadre de vie sont le plus souvent celles qui ont des projets économiques résilients. L’engagement bénévole ayant des limites bien compréhensibles, lorsque des personnes peuvent commencer à avoir un revenu issu d’une activité qui favorise la transition, l’engagement citoyen devient lui aussi plus résilient. Par exemple, des initiatives ont développé des dynamiques entrepreneuriales ayant des modèles économiques innovants et résilients : des coopératives de production de fruits et de légumes, des magasins de quartier, des coopératives de production d’énergie, des coopératives d’investissement local…
En savoir plus? Lisez notre article sur la Reconomie
Si on s’amuse, c’est que la dynamique du projet est bonne
Je terminerai par une évidence… La transition vise un avenir préférable au présent, plus heureux, dans lequel nos vies auront plus de sens et de saveur. Mais le chemin aussi est une fête. Au coeur de la dynamique de transition, il y a le plaisir de faire ensemble, de se retrouver et de prendre en main son avenir de façon responsable. La fête et l’amusement ont donc une place importante pour entretenir l’enthousiasme et vivre mieux dès aujourd’hui.
En Wallonie et à Bruxelles ?
Avec l’apparition des premières initiatives en 2009 et 2010 (Grez-Doiceau, Ath, Orp Jauche…), le mouvement se développe à un bon rythme chez nous. On compte aujourd’hui une trentaine d’initiatives en Wallonie et à Bruxelles. Comme dans les cycles naturels, on observe qu’il y en a qui démarrent, qui bourgeonnent, d’autres qui connaissent certaines difficultés, et d’autres encore qui sont très dynamiques et bien avancées.
L’équipe de support et le Réseau Transition développent des activités de soutien de ces dynamiques afin de leur donner les outils nécessaires à un développement harmonieux. Y-a-t’il déjà une initiative de Transition près de chez vous? Decouvrez le vite en regardant la carte des initiatives de transition. Besoin d’aide pour lancer une initiative de transition près de chez vous? Votre initiative n’est pas encore visible sur la carte? Contactez nous vite en ecrivant à info@reseautransition.be