
La journée du samedi s’est clôturée par une conférence donnée à l’université de Mons. Pendant 1h30 et devant plus de 300 personnes, Rob Hopkins a fait part de ses réflexions et analyses sur notre société actuelle et notre difficulté à appréhender notre avenir de manière positive. Son discours était principalement axé sur l’importance de la créativité et de l’imagination.
La crise de la créativité et ses enjeux
Rob Hopkins a pris comme point de départ ce qu’il nomme «la crise de la créativité» actuelle. Selon lui nous ne sommes plus habitués à percevoir le monde avec nos yeux d’enfant. Nous avons du mal à laisser notre esprit imaginer et créer le monde de demain.
Nous ne connaissons pas le futur et pourtant nous l’appréhendons de manière négative. Et, « être défaitiste est la meilleure façon de ne pas faire bouger les choses»(«a defeated attitude is the best way to be defeated»). Selon Rob Hopkinson, l’avenir doit au contraire être envisagé comme un temps des possibles que nous pouvons construire en ayant recourt à notre imagination. «Une des mes définitions préférées de l’imagination est la capacité à voir les choses autrement» («one of my favorite definition of imagination is the ability to see things how they could be otherwise»). Notre créativité ne doit pas être limitée par ce que nous connaissons (films apocalyptiques hollywoodiens etc…) mais se baser sur notre imaginaire afin de concevoir un nouveau système économique, politique, changer notre rapport à la nature ou encore modifier notre manière de voir la ville.

«Dans notre culture nous nous racontons l’histoire suivante: l’effondrement est inévitable, le future va être terrible. Mais qui le dit ? Il est encore possible que nous créions un futur absolument extraordinaire. Nous vivons une période où nous pourrions mettre en place une transition à propos de laquelle les futures générations chanteront des chansons et raconteront de belles histoires sur les actions incroyables, créatives, courageuses qui ont eu lieu en 2022, 2024, 2025…» .
«There is a story that we tell ourselves in our culture ; the collapse is inevitable, the future is going to be terrible. Who says ? It still possible that we could create a future that is absolutely extraordinary. We have a period of time now, where we could monilize a transition which future generations will sing songs about and say great stories about the amazing, imaginative, courageous actions that took place in 2022, 2024, 2025… ».
Rob Hopkins
La créativité et l’imagination sont au cœur des initiatives de Transition. Ce sont des outils puissants afin de faire émerger des nouveaux modes d’apprentissages, de consommation, de partages, d’échanges…
Comment stimuler notre créativité ?
Les enfants possèdent généralement un esprit vif ainsi qu’une soif d’apprendre, il est important de stimuler dès leur plus jeune âge leurs capacités afin qu’ils deviennent des adultes créatifs et imaginatifs.
En inculquant des modes d’analyse et de réflexions, l’école occupe un rôle primordial dans le développement intellectuel des enfants. Selon Rob Hopkins il est important que les instituteur.trice.s mettent en place des espaces de création pour que l’enfant puisse s’exprimer et enrichir son imagination au travers les travaux des autres.
Le jeu est également un aspect important du développement de l’enfant. Favorisant la créativité ce dernier doit être soutenu par les adultes. «Si vous ne laissez par les enfants jouer vous prenez le risque de créer des adultes qui ne savent pas prendre des risques» («if you don’t let children play you take the risk that you create adults who don’t take risks»).
Rob Hopkins évoque le projet «playing out» qui a été mis en place à Bristol afin de permettre aux enfants de se ré-approprier l’espace public et jouer dans les rues.

https://playingout.net/how/helpful-kit/
La créativité doit également être soutenue par les pouvoirs publics et notamment les instances décisionnelles. Afin d’apporter des solutions innovantes à des problèmes existants il est important d’avoir recours à son imagination. Rob Hopkins donne pour exemple la création du ministère de l’imagination (Ministry of imagination) dans la ville de Mexico. Les élus locaux se sont rendus compte qu’ils utilisaient très régulièrement le verbe « imaginer » dans les campagnes de communication et ont décidé de donner un sens concret à cette dimension. Le conseil de l’imagination est constitué par un vingtaine de membres dont la moyenne d’âge est de 29 ans, son but est d’assister la ville dans sa prise de décision et de penser à des solutions alternatives.

https://www.robhopkins.net/2018/10/03/gabriella-gomez-mont-imagination-is-not-a-luxury/
Stimuler notre imagination passe aussi par nous même. Il est important d’être attentif aux choses qui nous entourent. Notre attention est parasitée par le flux incessants d’informations auquel nous sommes quotidiennement confrontés. Nous ne prenons plus le temps pour nous retrouver seul face à nous même et de nous ennuyer. Pourtant selon Rob Hopkins ces moments sont essentiels afin de stimuler notre imagination ; «l’ennui peut être défini comme un appel de votre imagination» («boredom can be defined as your imagination calling you»).
Se reconnecter avec le moment présent et accepter de s’ennuyer est essentiel afin de stimuler notre créativité.
Ce travail sur nous même doit également être accompagné d’une ouverture sur le monde qui nous entoure, à la fois sur la nature mais aussi sur les individus. L’imagination et la créativité peuvent en effet être enrichies et stimulées par des moments de réflexion et de partage.
Pour Rob Hopkins la mise en place de projets collectifs permet la création d’un sentiment d’appartenance locale et contribue à la construction de récits d’avenir positifs. Il évoque l’événement «tooting twirl » dans lequel les habitants de Tooting ont décidé d’occuper l’espace public afin de créer un agréable lieu de rencontre d’échange et de partage.


https://www.robhopkins.net/2017/07/17/podcast-the-tooting-twirl-let-nobody-say-after-today-that-its-not-possible
Ce type d’initiative locale et conviviale devient un élément d’identification pour la communauté et donne envie à d’autres personnes de s’investir à leur tour et de mettre en place des projets semblables. Les récits locaux donnent ainsi du sens au présent et permettent d’appréhender l’avenir de manière plus positive.
Au nom du Réseau Transition et de toutes les initiatives présentes, nous remercions chaleureusement Rob Hopkins pour cette riche et passionnante conférence.

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur le lien entre imagination et Transition, Rob Hopkins vient de terminer l’écriture d’un livre à ce sujet, What is to what if? qui sera publié au mois de septembre 2019.
Si vous souhaitez écouter la conférence donnée par Rob Hopkins à Mons le samedi 23 mars voici l’enregistrement Facebook. L’audio est pour l’instant uniquement disponible en anglais mais nous travaillons sur une version traduite qui sera disponible prochainement.